Adeline HACHET

adeline_emagAdeline HACHET – COMME UN POISSON DANS L’EAU

A bientôt 37 ans, Adeline Hachet, maman de deux garçons, animatrice en établissement et service d’aide par le travail (ESAT) est devenue pour la deuxième fois consécutive championne du monde de descente de nage en eau vive.
Résidante de Saint Jean la Poterie dans le Morbihan, elle nage sous les couleurs du Redon Atlantique Plongée, club où elle a créé en 2012 une section nage en eau vive, qu’elle encadre bénévolement.

 Coup de cœur pour la discipline

Vers 17 ans, lors d’une colonie de vacances, Adeline fait un baptême de plongée. Pour la jeune fille, peu sportive, c’est une vraie révélation. Elle adore, se sent tout de suite très à l’aise. Cela l’amène à 19 ans à pousser les portes du club de Melun en région parisienne, où elle vit à l’époque, pour s’abonner à la pratique de la plongée. Le club a une section nage en eau vive très dynamique. Sa curiosité l’amène à s’inscrire à une initiation proposée par l’un des éducateurs. Deuxième révélation, elle a trouvé son sport, la nage en eau vive.

Qu'est ce que la nage en eau vive ?

eauvive_emagLa nage en eau vive est un sport de glisse qui se pratique en rivière. Le nageur est équipé d’une combinaison néoprène intégrale, d’un casque, d’un gilet, de palmes et d’un flotteur (hydrospeed). Il se propulse à l’aide des jambes mais surtout à l’aide du courant. Il s’agit donc d’une technique de nage, proche de la plongée ou de la nage avec palmes mais aussi d’une technique de rivière proche du kayak.
C’est d’ailleurs aux côtés du canoë, du kayak et du rafting dans la Fédération française de canoë-kayak (FFCK) que la discipline, d’abord organisée de manière indépendante, entre dans les années 90 avant d’être rattachée en 2008 à la Fédération française d’études et de sports sous-marins (FFESSM). Les rivières sont classées de 1 à 6, du cours d’eau régulier, aux vagues régulières, petits remous et obstacles simples au torrent à la limite du navigable. Les compétitions ont lieu essentiellement sur des rivières de classe 1 à 4. >> Vidéo nage en eau vive

Un peu d'histoire

histoire_emagC’est à Claude Puch que l’on attribue la naissance de la discipline. Ce pionnier descendait avec quelques amis, les rivières sur des chambres à air avant de concevoir le prototype de ce qui deviendra l’hydrospeed. >> site Internet / copyright photo : Yves Puch

La pratique en Ille-et-Vilaine

En Ille-et-Vilaine, tout comme en France, l’activité est assez confidentielle. Seul le club de Redon propose la nage en eau vive. (En attente de chiffres et données)

Adeline adhère immédiatement à cette activité qui se pratique dans la nature. Elle y trouve une ambiance sympa et conviviale. Ce sport, nouveau, fun, passionnant lui procure une immense sensation de liberté.
Rapidement elle passe d’une pratique loisir à la compétition. Elle s’essaie à toutes les disciplines de la nage en eau vive : le slalom, le boardercross, et la descente encore appelée endurocross. C’est dans cette dernière qu’elle se découvre de réelles aptitudes et performe le plus même si elle continue à toutes les pratiquer encore aujourd’hui.

  • L’épreuve de slalom se déroule comme une épreuve de slalom de kayak. Il faut, en milieu artificiel le plus souvent ou parfois en milieu naturel, franchir des portes vertes dans le sens de la rivière et des portes rouges à contre-courant. Le classement se fait en fonction du temps réalisé, complété par les pénalités de parcours pour les portes touchées ou manquées, les deux descentes additionnées donnent ensuite le classement général.
  • Le boardercross est une épreuve de vitesse dans laquelle s’affrontent trois ou quatre concurrents qui partent ensemble.
  • Le classe 1-2 ou parcours plat est également une épreuve de vitesse sur une distance de 6 à 12 km.
  • L’épreuve de descente se déroule sur des torrents de classe 3 à 4. Il s’agit de réaliser une distance comprise entre 6 et 12 km le plus rapidement possible. Les départs se font groupés ou un par un selon les organisations.

La Redonnaise s’entraîne régulièrement à la piscine et en milieu naturel pour travailler le palmage. La pratique en extérieur à surtout lieu d’octobre à mars lorsque les précipitations ont suffisamment gonflé les torrents et les rivières.

Son terrain de jeu préféré : l’île aux Pies pour la beauté du site mais dans le Pays de Redon bien connu pour ses sept rivières, elle n’a que l’embarras du choix. Pour s’entraîner sur des cours d’eau de classe 3, en eau vive pure, elle doit se déplacer à Inzinzac-Lochrist dans le Morbihan ou sur le site des Roches du Diable dans le Finistère. Les sites sont peu nombreux en Bretagne contrairement aux Alpes ou aux Pyrénées. Il lui est aussi arrivé d’utiliser le stade d’eau vive de Cesson-Sévigné mais depuis un an l’accès à l’équipement en dehors des heures d’ouverture de la base nautique n’est plus possible.

Adeline se prépare également aux grands rendez-vous hors de l’eau. Son partenaire l’Orange Bleue de Redon lui donne accès à sa salle de remise en forme et lui offre la possibilité de suivre des cours collectifs, idéal pour travailler le cardio et le renforcement musculaire. Elle s’est également liée avec des triathlètes redonnais pour la course à pied.

Si elle admet que pour pratiquer la nage en eau vive, il faut être téméraire, Adeline ne considère pas son sport comme dangereux puisque les nageurs ont une connaissance des dangers et font le nécessaire pour que la sécurité soit maximale, il y a énormément de solidarité et de camaraderie entre nageurs même en compétition. Elle dit également que son sport nécessite d’aimer la nature et de savoir faire corps avec les éléments car les compétitions ont lieu le plus souvent en dehors des centres-villes, totalement coupé du monde.

La nage en eau est un sport peu coûteux puisqu’en général les clubs prêtent le matériel sauf la combinaison et les palmes. Un flotteur vaut entre 250 et 300 euros. Ce qui coûte cher, ce sont les déplacements à travers la France pour les compétitions. Pour cela, Adeline peut compter sur le fidèle soutien de la Communauté de communes du Pays de Redon et occasionnellement sur celui du Super U de la ville. Pour son matériel, la société vannetaise « Breier » répond présent.

Deux médailles d’or mondiales en deux ans

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Au fil des années, Adeline s’est constituée un sacré palmarès. Depuis trois ans, elle enchaîne les titres de championne de France de descente. En 2014, elle s’est également emparée du titre national de slalom. Lors des championnats du monde de 2013 en Indonésie, elle a remporté la médaille d’or en descente ainsi que la médaille d’argent en boardercross et la médaille de bronze en slalom. Cette année, elle s’est de nouveau distinguée en descente en remportant l’épreuve de descente des championnats du Monde à Lanquin au Guatemala où étaient également présents deux autres sociétaires du Redon Atlantique Plongée, Arnaud Oger et Frédéric Brunet. Au delà de sa performance mondiale chez les femmes, elle retient surtout sa belle 5ème place au classement scratch c’est-à-dire hommes et femmes confondus.

Ses objectifs pour 2016 ?
Développer la nage en eau vive à Redon en attirant de nouveaux pratiquants et continuer à prendre du plaisir en partageant avec la famille de la nage en eau vive.

Une participation au projet Agua Esperiança

logo-agua_emagAdeline est revenue de sa participation aux championnats du Monde de 2013 à Java en Indonésie avec la frustration de ne pas avoir partagé avec la population locale. Elle en discute avec un groupe d’amis avec qui est décidé de proposer des baptêmes de nage en eau vive aux enfants guatémaltèques et d’offrir des flotteurs et du matériel sur place. Puis, chacun apportant sa touche et sa sensibilité, d’autres idées ont germé pour aboutir à un projet plus conséquent mêlant sport, solidarité, environnement, art (création d’une bande-dessinée) et aventure, le tout piloté par Manon Luneau. Pour mettre en place le projet, l’équipe a créé une association, Agua Esperiança, de façon à pouvoir obtenir des bourses et à lancer la campagne de crowfunding (financement participatif) qui a rapporté plus de 8500 euros. Adeline, secrétaire de l’association s’est impliquée dans la recherche de sponsors en assurant le montage des dossiers et en activant les réseaux fédéraux.  Malheureusement, elle n’a pas pu être du déplacement pour raisons professionnelles lors du premier volet du projet qui visait à initier à la nage en eau vive les enfants guatémaltèques, à favoriser le développement de ce sport et à sensibiliser la population à la qualité de l’eau, à la préservation des rivières et à la sauvegarde de la biodiversité. Elle a malgré tout contribué à la réussite de l’opération en participant, en amont, à la conception des fiches et outils d’animation. Pas de chance non plus pour ce qui devait être le volet aventure du périple, avec la découverte de rivières en bivouac. La maladie l’a contrainte à laisser le reste du groupe poursuivre sans elle. Cependant, le projet n’est pas encore terminé, il faut à présent dresser un premier bilan aux partenaires et aux financeurs et puis, l’association partenaire au Guatemala souhaite poursuivre la collaboration. Certainement de nouvelles aventures pour la dynamique et passionnée nageuse en eau vive.

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